Non-dualité

Cette page qui est consacrée à la "philosophie" non duelle, que je partage largement, va s'enrichir au fil du temps de textes, pensées et expériences.

Avec Amour,

Mayäna

Jean Bouchart d'Orval : Refléter ce que nous sommes

02.02.2014


Jean Bouchard d'Orval ne se réclame d'aucune école en particulier, mais sa pensée est modulée par l’intuition de la non-dualité. Pour lui, il existe une façon simple de se tourner vers le Simple.

 

"L'accent n'est donc pas mis sur l'apprentissage de techniques, sur ce qui se réfère à un devenir, ni sur tout ce qui nous fait dormir et rêver davantage. La complexité et la technicité n'ont pas leur place dans la révélation de la vérité ultime de l'existence. La rigueur technique trouve sa place dans l'exécution d'une œuvre d'art, non dans la révélation qui en est la source. La Tradition véritable est libre de toute pratique, car elle n'est pas concernée par tout ce qui ne se réfère pas immédiatement à l'unique réalité: la Lumière consciente.

Toute démarche qui propose de s’intéresser à autre chose que ce qui est là présentement dans sa vie est un ajournement. Il n'y a qu'à porter un regard honnête et persistant sur ce qui est là dans l'instant même et ce regard se retrouve bientôt saisi par le vent de la silencieuse paix. Dépouillée de nos histoires, qui se réfèrent toutes à ce que nous ne sommes pas, c’est-à-dire à une image, à un quelconque soi-même, la réalité apparaît telle qu’elle est: profondément joyeuse.
C’est au moment où nous demeurons sans programme et n’entretenons plus d’opinions sur ce que nous percevons et faisons qu'une joie sans compromis commence à vraiment donner le ton: comment nous sommes se met à refléter ce que nous sommes."

extrait de sa présentation sur son site

http://www.jeanbouchartdorval.com

 

Introduction à l'Advaita

 

Advaita est un mot sanscrit dont le sens littéral est <<non deux> (synonymes: non dualité, non-dualité). L'advaita n'est ni une philosophie, ni une religion. La non-dualité est une expérience dans laquelle il n'y a pas de séparation entre un sujet et un objet, entre un <<moi>> et le reste de l'univers, entre un <<moi>> et Dieu. C'est l'expérience de la conscience pure, notre nature véritable, se révélant comme bonheur absolu, amour et beauté. La conscience est définie comme ce qui perçoit ces mots-mêmes ici et maintenant.

Le sage est celui qui se sait être cette conscience dans tous les moments de sa vie. Comme la conscience est impersonnelle et universelle, il n'y a en fait qu'un seul sage par-delà les apparentes distinctions de race, de genre, d'âge, etc. Un sage n'est pas nécessairement un enseignant spirituel, et un enseignant n'est pas forcément un sage. Ramana Maharshi, Krishna Menon et Jean Klein furent de tels sages qui enseignèrent au cours du XXème siècle. Ramana Maharshi avait recours à la méthode appelée <<enquête du soi>> avec ses disciples les moins avancés. L'aspirant qui pratique l'enquête du soi maintient son attention fixée sur la source de la pensée <<je>> et du sentiment <<je>> chaque fois que ces derniers se présentent. Une fois que l'éveil (ou illumination) s'est produit, l'enquête du soi continue sans effort. L'attention retourne spontanément à sa source à la fin de chaque pensée ou sentiment et aucune concentration n'est désormais nécessaire.

Les disciples plus avancés peuvent être amenés directement à l'expérience de leur soi véritable par l'écoute de la vérité de la bouche même de leur gourou et/ou par l'écoute silencieuse en sa présence. C'est là la voie directe, utilisée, parmi d'autres, par Ramana Maharshi, Atmananda Krishnamenon et Jean Klein. Le processus de réalisation continue alors spontanément, avec l'aide de l'enseignant, jusqu'à ce que le corps-mental-univers du disciple réside fermement dans la paix et la félicité du Soi.

Tout ce qui peut être dit au sujet de l'expérience non-duelle, y compris ces mots, est, au mieux, une pâle approximation au niveau conceptuel, un simple panneau indicateur qui pointe vers l'expérience sans être l'expérience. La tradition du Bouddhisme Zen emploie la métaphore du doigt pointant vers la lune: Bien que l'un pointe vers l'autre, doigt et lune appartiennent à deux planètes différentes.

L'Advaita transcende toutes les religions, philosophies et nationalités. Il ne divise point, mais au contraire unifie. Alors que des membres sectaires de religions différentes ne peuvent jamais tomber d'accord sur leurs concepts de Dieu, des sages de provenances les plus diverses ne peuvent jamais être en désaccord sur leur commune expérience de la non-dualité. Les fondateurs de toutes les grandes religions étaient des sages.

La non-dualité est au cœur même de l’Hindouisme, du Soufisme, du Bouddhisme Zen, du Shivaïsme et des enseignements du Christ.:

Hindouisme: <<Ce qui n'est pas (l'univers objectif en tant que séparé du Soi) ne saurait venir à l'être, et ce qui est (le Soi) ne saurait cesser d'être.>> (Baghavad gita)

Hindouisme, Shivaïsme: <<Oh Merveille! Cette illusion, bien qu'elle s'exprime dans la multiplicité des êtres et des choses, n'est rien d'autre que la conscience une. Ah! Tout n'est que pure essence consciente.>> (Abhinavagupta)

Soufisme: << Il n'est rien qui ne soit Lui.>> ( Ecole de l'Unicité absolue, Andalousie)

Bouddhisme Cha'n: << Question: Lorsque le son cesse, la conscience cesse-t-elle? Réponse: La conscience jamais ne cesse.>> (Hui Hai)

Hindouisme, Shivaïsme: << Cet univers s'éveille quand Tu t'éveilles et s'abolit quand Tu te retires. Donc, la totalité de ce qui existe et de ce qui n'existe pas n'est rien d'autre que Toi.>> (Abhinavagpta)

Christianisme: <<Jésus a dit: "Je" est la lumière qui est au-dessus de toutes choses. "Je" est le Tout d'où toute chose émane et où toute chose retourne.>> (Thomas, 186)

L'éveil ou illumination est la re-connaissance soudaine de la non-dualité qui est, a toujours été et sera à jamais la réalité de notre expérience. La dualité est une illusion. La conscience n'est pas personnelle, privée et mortelle mais impersonnelle, universelle et éternelle. Il n'y a pas d'entité personnelle limitée, d'ego conscient. L'ego est un objet perçu, non la toute-percevante conscience.

La réalisation du Soi est la stabilisation subséquente dans la paix, la félicité et la liberté de notre être naturel. Le monde, vu dans la lumière de la conscience impersonnelle, se révèle comme miracle permanent, spectacle divin célébrant sa source invisible.

Un gourou (maître spirituel) vivant est nécessaire dans la plupart des cas pour contribuer à l'éveil et à la réalisation. Bien que le karana gourou ( le gourou dont le rôle est d'aider le disciple lors des derniers stades du processus de réalisation) apparaisse au disciple comme un être humain séparé, il (ou elle) est sciemment la conscience universelle. Il perçoit le disciple comme son propre Soi. La conscience du disciple, étant reconnue pour ce qu'elle est vraiment, entre en résonance avec la présence silencieuse du gourou. Le mental du disciple devient de plus en plus tranquille, avec ou sans échange de paroles, jusqu'au moment où le disciple a un aperçu de la joie sans cause inhérente à son être profond. Une relation d'amour, de liberté et d'amitié s'établit alors qui conduit à la stabilisation du disciple dans la paix et la félicité.

Un karana gourou authentique ne se considère jamais comme supérieur ou inférieur à qui que ce soit, ni ne se considère ou considère quiconque comme un sage ou un ignorant, comme un maître ou un disciple. Cette attitude impersonnelle spontanée crée un parfum distinct d'amitié et de liberté qui est une condition nécessaire au succès des derniers stades du processus de réalisation.

Francis Lucille, 1998

http://www.francislucille.com